Barbé d’être déçu, un vieux chat gris n’en pouvais plus
Un plus d’être bossu, il se dit : « mon temps j’ai perdu
Dans cette gouttière de malheur, alors qu’ailleurs… »
C’est chez l’armateur qu’il se rendit de bonne heure.
« Je veux le plus grand des bateaux » dit-il comme ça
« C’est pour des guitares, des instruments de bois »
Et à la surprise générale, se mettant sur un piedestal, il s’écria :
« Je suis le chat-luthier !!!»
De la corde, du bois, un bateau en atelier
Voilà le chat-luthier
Une voile et son cœur pour chanter
Des accords ou non barrés…
Des préparatifs, « se laver la tête »
Et mon canif, après des jours, loin des récifs qui s’entêtent
Dans sa lutherie flottante, il jeta ses filets
Pour pêcher des planches, des clous, des anches ,des chevalets
Et c’est au bout de trois mois que naquit une guitare à trois mâts
Des violons à queue-de-pie, un luth-à-chat qui s’est enfuit.
Victime d’une ardeur débordante
Et avant même d’être verni, se mit à l’eau et dépérit
Des amphores, un marteau, de la colle pour se fixer,
Voilà le chat-luthier
Une rame la deuxième étant cassée
Dans la mer morte, elle s’est brisée
Dans une tempête sans marée, dans une musique
D’éternité, complètement folle, elle a cédé…
On parle de lui comme d’un être dérangé
Car dans plein de ports, des touristes il a inquiété
Il vend ses instruments tordus à des passants perdus
Il a soupçonné la loi ; on a voulu qu’il soit pendu
Moi j’ai soupçonné mes voisins de n’pas mener une vie de chien
Mais des manants bienveillants veillaient à ce qu’il n’est pas trop faim
Nourrissant l’humble « chartisants » certains l’ont entendu parler
D’immenses saladiers rayés à la confitures d’oreiller
Et d’étagères enrubannées qui mangent des paniers d’osier.
Ecument tous les océans, il est fou à lier
On le surnomme le « charlatan »
C’est un félin léonin
Mais doté d’un talent latent, il ne se sent pas molester
Taquinant à la dragonne, il est complètement dingue…
Lassé d’être brimer par les anciennes gens du métier
Le Chat-luthier décida de remonter tous ses filets
Il démonta son navire pour en récupérer le bois
Et fabriqua tout plein de joie l’instrument qui n’existe pas
Il a poncé, il a limé, il a cloué même sa proue
Et au bout d’une longue année passée à manger des rats qui aboient
Il mit au grand jour cet objet qui esmeya même les rois
Il joue maintenant dans les saisons, gagnant son pain, il est partout !!
Une canne, du papier, une poêle pour s’amuser,
Voilà le chat-luthier
Une chique, des arêtes dans le nez
Une simple envie va l’emporter
Plus de musique mais du poisson dans le gosier
Pour le seul Chat-luthier
Maintenant pêcheur, il part dès la nouvelle lune
Dans le plus beau des chatlutiers.